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Il est toujours temps de renaître

DU 12 AU 22 JUIN CINÉMA ONF - CINÉMATHÈQUE QUÉBÉCOISE

Des films et vidéos balisent le parcours de reconnaissance entrepris par les Premières Nations. Présence autochtone est un témoin et un acteur de cette fulgurance. En quelques flashes, un aperçu sommaire de la programmation 2008.

Club Native pose la question de l’identité, plus précisément du contrôle d’identité que les inspecteurs sourcilleux de la brigade de la pureté sanguine exercent sans subtilité. La réalisatrice Tracey Deer n’en manque pas elle de subtilité ni d’aplomb pour remettre en cause les certitudes bien ancrées chez certains conseils de bande, dont celui de sa propre communauté, Kahnawake. Qui peut être de ce club très sélect ? Seuls ceux qui ont le bon cocktail sanguin sans dilution aucune si possible ? En pays indien, on se méfie des pommes comme de la peste. Rouge en surface et blanc en dedans : Ouache ! Dès ce film d’ouverture, le ton est donné ; humeur mutine et humour décapant sont au menu.


Aboriginality

La quête de cette mystérieuse Aboriginality (c’est le titre d’un court, incidemment) est décidément dans l’air du temps. De Suède, au dossier, une jeune réalisatrice verse sa propre pièce à conviction avec Sami Daughter Yoik, alors qu’une Wendat se tourne vers son grand chef d’aïeul pour qu’il lui dispense ses lumières dans Peu importe l’âge : Max et Anora. Et il faudra se méfier des clichés : I’m not the Indian you had in Mind nous prévient Thomas King.

Cette recherche du moi véritable prend la forme d’un retour aux sources, nostalgique avec Little Caughnawaga : To Brooklyn and Back de Reaghan Tarbell, évocation de la vie des familles des charpentiers mohawks à New-York; tragique dans A Sister’s Love de Ivan Sen où une femme aborigène retourne sur les lieux de l’assassinat (toujours non élucidé) de sa sœur jumelle; patrimonial avec la renaissance de savoirs oubliés dans Umiaq Skin Boat de Jobie Weetaluktuk et dans Basket Making de Cynthia Taylor; spectaculaire dans Kiviuq quand des légendes reprennent vie grâce à une reconstitution théâtrale; cérémonielle quand les Wayuus vont donner une nouvelle sépulture à leurs morts, un rituel funéraire atavique qui nous est livré dans Jepirra Paraiso de los Wayuus.


Kanien’kehá:ka, Living the Language

La langue demeure un pilier de l’identité. Devant le recul qu’elle subit, des signaux d’alarme, comme L’Amendement de Kevin Papatie, s’allument et des mesures se prennent telle la création d’une école où l’enseignement se donne en mohawk, phénomène illustré par Paul Rickard et Tracey Deer dans Kanien’kehá:ka, Living the Language.

Le territoire ancestral est à chérir chez les Atikamekw dans Kitaskino de Henman W. Niquay, à préserver dans l’État de Morelos, au Mexique, 13 pueblos en defensa del agua, el aire y la tierra et, parfois, à regretter quand un barrage s’annonce, comme dans Le Crépuscule d’une terre tourné en pays cri. Parfois, ce territoire, il faut le défendre et encourir les foudres de l’injustice coloniale comme il arrive aux Mapuches du Chili dans Considérant que… et aux Shoshones des USA dans Our Land, Our Life.


Shooting Geronimo

Il y a cela et plus encore au programme de Présence autochtone 2008. L’humour se fait surréaliste dans la trilogie des Miss Chief Eagle Testickle (Shooting Geronimo, Group of Seven Inches, Robin’s Hood) de Gisèle Gordon et Kent Monkman, punché dans Nana, noir et sarcastique dans The Colony de Jeff Barnaby, alors qu’il est plutôt coquin dans Ting de Chanouk Newashish. Les artistes sont à l’honneur, qu’ils s’adonnent au ballet classique comme dans Water Flowing Together, portrait d’un danseur navajo du New York City Ballet; qu’ils écrivent tels Scott Momaday et Miguel Ángel Jusayú, dépeints respectivement dans L’Ours et Moi et El Niño Shuá; qu’ils soient dans une quête tourmentée pour une création prochaine tel Floyd Favel dans The Tunguska Project; ou encore, qu’ils se battent dans toutes les directions comme dans Hiro, portrait d’un poète polynésien visionnaire.

Des classiques sont réédités nous pourrons ainsi revoir L’Histoire de Manawan (1972) et L’ilawat (1975), les tout premiers documents réalisés par la jeune Alanis Obomsawin à son arrivée à l’ONF ainsi que Wapistan et les oiseaux d’été qui a donné naissance à la série des Légendes amérindiennes de Diane et Daniel Bertolino.

Des films se verront octroyer, pour leurs qualités artistiques, des prix Teueikan et, pour leurs qualités sociales, des prix Rigoberta Menchu. La revue Séquences récompensera le meilleur documentaire, Mainfilm remettra le prix jeune espoir et Kodak en association avec Bellevue-Pathé couronnera le meilleur film canadien. Le prix du meilleur court métrage et celui de la meilleure direction photo complètent la liste des récompenses.

Dans les salles obscures, il y a de plus en plus de lumières sur les peuples premiers. Présence autochtone 2008, s’annonce comme un moment phare du développement d’une cinématographie autochtone en terre d’Amérique.

Tarifs

ONF : 5$ la séance, 2$ avec le macaron (macaron avec programme officiel = 5$)

Cinémathèque Québécoise :
Adulte 7$ / Étudiant (13 - 30 ans) et Aîné (65 ans) 6$ / Enfant (6 - 15 ans) 4$ / Enfant (0 - 5 ans) Gratuit.
Taxes incluses.