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Avis de Terres en vues, société pour le développement des cultures autochtones, déposé le 15 aout 2024 à la Commission sur la culture, le patrimoine et les sports de la Ville de Montréal, concernant la Politique culturelle 2025-2030
Par André Dudemaine, directeur/activités culturelles
Le changement apporté aux armoiries de la ville en amenant le symbole autochtone du grand pin plan, l’arbre de la paix, au centre de l’écusson, a constitué un vif redressement des perspectives historiques la symbolique héraldique accréditant enfin le rôle fondateur des nations autochtones qui en étaient singulièrement absentes. Ce fut un geste de reconnaissance et de réconciliation mais aussi un engagement à tourner la page sur une période d’ignorance et d’exclusion.
Et on peut dire aujourd’hui en 2024 qu’un tournant majeur a été effectué, déjà amorcé sous l’administration Bourque avec la création du Jardin des Premières Nations en 2001 dans le cadre de la commémoration du tricentenaire de la Grande Paix de Montréal de 1701.
Il s’est poursuivi avec une transformation du paysage culturel qui est allé s’accélérant ces dernières années. On peut donner quelques exemples les plus marquants : le déploiement du Festival international Présence autochtone sur la place des Festivals, suivie de la reconnaissance par la Ville de son caractère d’événement majeur; plusieurs changements toponymiques avec notamment la dénomination de la rue Atateken; des présentations marquantes d’œuvres d’artistes autochtones contemporains par des intervenants culturels montréalais, tels musées, théâtres, maison d’édition, festivals, salles de spectacles; l’ouverture de Daphné, centre d’art autochtone autogéré; et on pourrait poursuivre longuement la liste de ces initiatives qui ont apporté un véritable changement de perspective et une explosion d’expressions inédites portées avec force par des artistes autochtones dynamisées par cette ouverture longtemps attendue.
La Ville a soutenu, encouragé et accompagné cette effervescence.
Notre avis se veut un appel à ce que le mouvement si bien amorcé, nous nous en félicitons, se poursuive
en conformité avec les promesses qu’il a soulevées.
La Grande Paix, encore et toujours
Parlant de la Grande paix de Montréal de 1701, nous voulons rappeler qu’en 2026, nous en serons à son 325e anniversaire. Avec des visées plus modestes que le grand pavoisement commémoratif de 2001, il sera à notre avis utile de marquer le moment. Montréal demeure un milieu humain où la cohabitation
harmonieuse des diversités fait partie de notre art de vivre. Autour du grand pin blanc, qui « brille sur la plus haute montagne de la Terre » (dixit Kondiaronk), dans la période trouble que nous traversons, Montréal est un lieu d’où les paroles de paix et de réconciliation peuvent résonner à travers le monde, la profondeur historique que la Grande paix de 1701 leur conférant une singulière authenticité. Sur le plan local, un rappel commémoratif permettra aussi de mesurer le chemin parcouru, de saluer les éclaireurs qui ont ouverts la voie, et de raffermir nos pas vers une vraie réconciliation, un processus qui est loin d’être parvenu à son terme malgré les nombreuses avancées des trois dernières décennies.
Première recommandation, donc : que la Ville appuie la tenue une série d’événements pour souligner, en 2026, la remémoration de la Grande Paix de Montréal en 2021 (opérée conjointement par Terres en vues et Pointe-à-Callière) et rappeler l’importance historique de la diplomatie autochtone dans cet événement fondateur dont le sens profond demeure actuel, après plus de trois siècles
Nous voulons aussi prendre note de deux initiatives heureuses mais inabouties, la Fête de l’amitié Nuestroamericana et DestiNations, et mettre en évidence les enseignements qu’il faut tirer de ces expériences et les suivis qui devraient en découler dans une perspective d’avenir.
Unité et diversité
Des Montréalaises issues de l’immigration ont mis sur pied de façon bénévole une grande fête de la diversité célébrant le territoire hospitalier, la ville et l’héritage des Premières nations : la Fête de l’Amitié NuestroAmericana
Dans le communiqué de juillet 2024, annonçant, après treize éditions, l’annulation de la manifestation, Gladys Navarro la présidente de L’Amitié nuestroamericana, écrit : « Nous gardons espoir que les institutions qui ont pour rôle de promouvoir la diversité culturelle sauront fournir de nouvelles occasions de célébrer collectivement les cultures du monde présentes dans la métropole » (c’est nous qui soulignons le terme collectivement). Voir : https://defiledelamitie.wordpress.com/
Terres en vues aujourd’hui veut faire écho à cet appel. Cette phrase constitue telle que rédigée notre seconde recommandation : et nous souhaitons que son libellé se retrouve intégralement dans la Politique culturelle.
Le point culminant de la fête était un défilé dans les rues de Montréal qui aboutissait Place des Festivals au moment même où Présence autochtone y déploie sa grande scénographie annuelle. Si, au début, le service de la Culture de la ville s’était montré coopératif, plus récemment, avec une attitude négative, on aura réussi à décourager les personnes qui avaient pendant 15 ans mis sur pied un événement unique dans sa formulation : près de 1500 danseurs en tenue traditionnelles, représentant les traditions du monde telles que maintenues vivantes dans la cité parmi les communautés culturelles montréalaises, y participaient de
façon bénévole pour, selon les mots mêmes des organisatrices, célébrer « la fraternité qui unit les Premières Nations, les peuples de Notre Amérique et ceux des autres régions et continents du monde ».
La diversité comme valeur d’inclusion ce n’est pas une série de cultures isolées dans leur ghetto respectif, mais bel et bien une volonté de vivre collectivement avec la richesse des héritages que Montréal recèle; et le facteur d’unité le plus évident dans ce cas, ce sont les traditions autochtones toujours présentes et toujours vivantes. C’est d’ailleurs bien ce qu’expriment, dans leur parlante allégorie, les nouvelles armoiries de la Ville.
Architectonique autochtonie
La Ville de Montréal a fortement soutenu le grand projet de voir s’ériger à Montréal un espace dédiée à la diffusion, à la transmission, et au développement des cultures autochtones. Les revirements et atermoiements des gouvernements provinciaux qui se sont succédés dans un perpétuel évitement face à l’élan venu de Montréal, n’auront pas permis à cette promesse de se réaliser.
Aujourd’hui, dans un contexte qui a beaucoup évolué, nous pensons que le concept qui a présidé au projet intitulé DestiNations est toujours valide. Si dans la Ville la toponymie, la programmation des institutions artistiques et muséales, les programmes universitaires, la pérennité du Festival international Présence autochtone reconnu comme événement majeur, l’ouverture du centre d’art autogéré Daphné, et plein d’autres initiatives, donnent une visibilité et des possibilités jamais vues auparavant aux cultures premières; il y a là une ouverture et un élan dont personne ne pouvait soupçonner l’ampleur qu’ils allaient prendre . Cependant une installation majeur avec signature architecturale, marqueur de l’appartenance de ce territoire à l’héritage des premiers peuples, qui souderait dans l’imaginaire collectif les diverses avancées que nous venons d’évoquer, manque toujours à l’urbanistique de Montréal.
Que la Ville s’implique dans une réactualisation du projet d’un espace majeur dédiée aux cultures autochtones, au symbolisme fort marquant le paysage urbain, en faisant appel notamment et principalement, aux organismes autochtones intéressés. : c’est la troisième recommandation que nous formulons pour la Politique culturelle.
Rappel festivalier
Enfin, nous souhaitons rappeler que Terres en vues, en tant que maître d’œuvre du Festival international Présence autochtone, appuie les recommandations qui auront été formulées par ailleurs concernant le rôle, le maintien et le développement des festivals comme moteurs culturels et artistiques de la métropole.
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