Conférence
Dimanche le 2 août, 13 h
Maison du développement durable
50, rue Sainte-Catherine Ouest
Pour des interventions architecturales culturellement responsables en territoire autochtone.
Présenté par : Architectes de l’urgence et de la coopération (AUC)
Avec la participation de Suzanne Doucet, architecte collaborative ; Marie-Pierre Gadoua, anthropologue et géologue.
Des courts métrages à ce sujet seront présentés à la Maison longue, place des Festivals :
Colloque
Jeudi le 6 août 2015 à 13 h
Espace culturel Ashukan
431, Place Jacques-Cartier
CONFÉRENCE
13h-13h45: Bruno Cornellier : La « chose indienne » : Cinéma et politiques de la représentation autochtone au Québec et au Canada
Résumé :
Cette présentation propose d’offrir un résumé fragmentaire de l’argument qui anime mon récent ouvrage sur le cinéma et les politiques de la représentation autochtone au Québec et au Canada. L’intervention critique et théorique qui anime l’ouvrage est née d’une question d’apparence banale : comment se fait-il que le Canada puisse être signifié par des totems indiens à Walt Disney World ou par un inukshuk aux Jeux olympiques de Vancouver ? La réponse : parce qu’il y a « quelque chose » d’indien à propos du Canada. Un « je ne sais quoi d’indien ». C’est-à-dire qu’afin de survivre moralement et politiquement à son histoire et à son héritage colonial, l’État né du colonialisme de peuplement a besoin, en quelque sorte mais jamais complètement, de se faire lui-même « indien ». Il lui faut ce « je ne sais quoi», cette «chose indienne» qui, nommée sans l’être complètement, signalée sans jamais être définie, désigne une indianité qui, bien qu’elle soit interpellée par la présence de l’Autochtone, n’a plus besoin de lui ou d’elle pour se manifester en tant que réalité.
Armé d’un certain consensus populaire à propos du capital de vérité de son dispositif technique de reproduction du réel, le cinéma constitue historiquement l’un des lieux privilégiés pour la capture de cette « chose indienne » dans les rets de l’imagination libérale et coloniale qui alimente les velléités souveraines du Québec et du Canada. Dans la mesure où une telle capture constitue l’un des principaux exercices politiques de l’État, j’avance une conception de la décolonisation qui ne relèvera alors plus de la révélation d’une réalité « vraie » de l’Indien, cachée derrière sa représentation et ses distorsions filmiques, prête à resurgir au profit d’une « reconnaissance » par et dans l’État souverain. Plutôt, la décolonisation relèverait d’une compréhension du rapport colonial en tant que lutte multipartite entre Canadiens, Québécois et Autochtones, avec pour enjeu de s’emparer du pouvoir exclusif de désigner et représenter ce (et ceux) que cette « chose indienne » pourra (ou non) signifier et autoriser dans le voisinage colonial du souverain.
Bruno Cornellier est professeur adjoint au départment d’anglais de l’Université de Winnipeg, où il enseigne les études culturelles. Il est l’auteur de La « chose indienne » : Cinéma et politiques de la représentation autochtone au Québec et au Canada (Nota Bene, 2015). Ses recherches portent sur la négociation des rapports de pouvoir à caractère racial qui saturent la production culturelle née du peuplement colonial. Ces travaux sont aussi parus (ou à paraître) dans diverses publications universitaires, notamment Settler Colonial Studies, Discourse, Canadian Journal of Film Studies, London Journal of Canadian Studies et Nouvelles Vues.
13h45-14h : Pause
TABLE RONDE
14h-15h30 : « De l’apartheid médiatique au quotidien à l’hypervisibilité en temps de crise : modulations de la présence autochtone au Québec »
Avec: André Dudemaine (Présence autochtone), Alain Picard (journaliste), Stéphane Marceau (chercheure), Carole Poliquin (réalisatrice) et Henry Welsch (Terres en vues).
Quelles conditions déterminent la réception ou la non-réception des arts autochtones dans les médias québécois? Est-il pertinent de parler d’apartheid médiatique au quotidien et d’hypervisibilité en temps de crise? Si oui, en quels termes? Qu’est-ce qui ressort de la médiatisation d’un conflit territorial comme la crise d’Oka de 1990? Quels sont les enjeux rattachés au financement et à la diffusion d’activités culturelles telles celles du festival Présence autochtone? Quel rôle les collaborations et les échanges entre les peuples viennent-ils jouer dans les modulations de la présence autochtone au Québec? Quels sont les mérites, les particularités, les écueils de tels échanges et collaborations?
15h45-17h00 : ENTRETIEN
« Récits et lieux culturels autochtones à Montréal: de l'autochtonie fantasmée et représentée à l'appropriation de l'espace »
Avec: André-Yanne Parent (administratrice de DestiNATIONS : Carrefour international des arts et cultures des Peuples autochtones) et Marie-Josée Parent (directrice de DestiNATIONS : Carrefour international des arts et cultures des Peuples autochtones)
Quelle place occupent les récits et les lieux culturels autochtones à Montréal? Quel rôle jouent la culture et les pratiques culturelles comme liant identitaire, au-delà des classes sociales? Comment faire cohabiter les différentes définitions et les différents rôles de l'art en fonction des cultures ? Quels liens existe-t-il entre les différentes formes expressives des peuples premiers, qu’il s’agisse de littérature, de cinéma, d’arts visuels ou d’arts vivants? Qu’en est-il de la reconstruction culturelle?
Colloque organisé par le projet de Développement du partenariat du CRSH «Récits, mobilité, territoire : expressions créatrices autochtones au Québec»