Buffy Sainte-Marie

Buffy Sainte-Marie

Emmarchement, rue Sainte-Catherine  |  Du 10 au 15 août 2022

Buffy Sainte-Marie a exploré le monde numérique comme elle a su si bien le faire dans toutes les sphères de sa riche carrière, soit avec une créativité audacieuse. Dès 1984, à un moment où Internet et les ordinateurs personnels n’avaient pas encore pris leur envol, Buffy s’employait déjà à concevoir les œuvres de cette collection à l’aide des toutes premières versions de MacPaint des premiers ordinateurs Macintosh. Plus élémentaire, la technologie était alors sans commune mesure avec les outils numériques d’aujourd’hui et servait principalement à la mise en marché et au graphisme plutôt qu’à la création d’œuvres artistiques chargées d’émotion. Comme il n’y avait pas de fonctionnalités multicouches ni de filtres préconfigurés, il fallait faire preuve de dextérité et de patience pour arriver à créer de bonnes images artistiques. Malgré les limites des logiciels, elle a su insuffler à ses œuvres pixellisées un sens de la tradition et du détail à la hauteur de celui qu’on peut retrouver dans les peintures à l’huile classiques et les broderies perlées les plus fines. Par une méticuleuse fusion d’images numérisées de ses aquarelles produites en atelier et de ses dessins et esquisses avec celles de véritables tissus, plumes et perles, Buffy a confectionné ces tapisseries numériques avec la finesse et la minutie d’une conteuse née. La splendeur visuelle et intellectuelle de cette collection dénote assurément une vision résolument avant-gardiste. 

Ayahuasca Jaguar 1 and 2 : (Jaguar ayahuasca 1 et 2) Dans le style de Klimt, cette œuvre aux multiples variations de couleurs montre une femme et un jaguar, symbole sacré de la puissance de la nature. Assise, l’artiste est indifférente à l’instabilité de son espace et lévite au-dessus du chaos, détendue dans sa métamorphose. La présence du jeune jaguar et l’intensité de leur rapprochement reflètent un état de conscience induit par l’ayahuasca. 

Elder Brothers : (Frères aînés) Évoquant une présence spirituelle, l’hommage de Buffy aux deux hommes autochtones figurant dans un portrait de 1881 de L.A. Huffman permet de les matérialiser en partie dans notre monde numérique psychédélique actuel. Touchée par leurs existences depuis longtemps révolues, Buffy leur a rendu hommage en leur faisant porter ses propres plumes d’aigle numérisées. L’un tient un bâton, orné de ses plumes d’aigle, et l’autre tient l’image numérisée de l’éventail en plumes d’aigle que lui a offert un aîné pied-noir respecté, Ed Calf Robe, figure marquante en lien avec l’attachement personnel de Buffy à ses racines autochtones. 

 Hands: The Coming of the Digital Age : (Mains : l’avènement de l’ère numérique) Cet autoportrait représente l’artiste accueillant ce monde à petites doses, se préparant à l’éblouissante vague numérique qui s’apprête à nous submerger. Les effets de contraste et de saturation produisent une image de fond évoquant un crâne qui, dans la perspective autochtone, représente l’humanité. Le geste dénote une prise de conscience et une appréciation de la beauté, de l’intensité et du potentiel encore invisible de ce nouveau monde virtuel. Cette image a été présentée publiquement pour la première fois à l’Université d’art et de design Emily Carr en juin 1994 à titre de logo de l’exposition d’art numérique Pixel Pushers. 

Pink Village : (Village rose) Cette image fragmentée d’un aîné se matérialisant au-dessus de la population d’une vallée et témoignant du bouleversement et de la destruction de son mode de vie évoque des générations de présence autochtone. Sa présence fantomatique se manifeste et s’évapore à la frontière du monde moderne et de la communauté traditionnelle. 

 Self Portrait : (Autoportrait) Les autoportraits sont souvent le résultat d’une démarche en solo où les artistes puisent dans leur propre identité par nécessité en se proposant comme des reflets de notre singularité à tous dans la masse collective. Cet autoportrait saisissant présente Buffy sous les traits reconnaissables de son visage humain émergeant de perles et de plumes comme si leurs motifs reflétaient sa propre pensée, voix et œuvre créatrice. Ses traits jaillissent du vide obscurci de l’univers numérique créant un effet prismatique. 

 The Mohawk Warrior Contemplates His Future : (Le guerrier mohawk contemple son avenir) Dans cette image d’un jeune homme mohawk contemplant son avenir, Buffy Sainte-Marie allie photographie, effets de flou et coups de pinceau circulaires pour refléter la mouvance de son identité. Sa posture est reprise et superposée pour exprimer que sa vie est une porte ouverte sur sa jeunesse, ses ancêtres, ses désirs et son potentiel. 

 Wesakechak The Trickster : (Wesakechak le Fripon) Le Fripon se retrouve dans de nombreuses légendes à titre d’entité sacrée qui revêt de multiples formes, dont celle ici de Wapoose (lapin) sur le point de se transformer, avec des oreilles en plumes d’aigle. La symétrie et la configuration de ses traits trompent l’œil au gré des transformations. Ses boucles d’oreille rappellent les masques modernes de la comédie et de la tragédie. Dans la tradition, les héros autochtones ont des rôles fluctuants et sont à la fois dangereux et aimants, sérieux et comiques. L’image revisitée de Buffy propose une métaphore reflétant la fascination et la frustration de ceux qui tentent aujourd’hui de définir la tradition et de discerner le sacré du profane. 

 Yaqui From the Wings : (Yaqui vu des coulisses) L’œuvre adopte la perspective de l’interprète qui cherche à toucher tous les cœurs de son public varié tout en tenant compte de la perception distincte de chaque spectateur. C’est le portrait sur scène d’un danseur bien-aimé observé en coulisses par sa famille. Il ne regarde pas le public, mais remarque le spectateur qui suit sa prestation. Son regard reflète sa sensibilité à notre présence. Dans cette simple parenthèse, Buffy nous rapproche intimement de son œuvre avec humour et humilité. 

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