Plus que jamais, pour sa 29e manifestation, le festival fait battre le cœur de Montréal au diapason de l’âme des peuples autochtones des Amériques et du monde. Grands concerts sur la Place des Festivals, compétition internationale de films et de vidéo, grands événements en arts visuels et médiatiques, gastronomie, colloque, rencontres et poésie.
Mille feux s’allument et font rayonner Montréal aux couleurs de ses origines les plus anciennes et annoncent une chaude période d’amitié, de dialogue, de création et de réconciliation. À qui l’avenir ?
Les Québécois ont pu enfin avoir un authentique aperçu de la richesse culturelle et artistique de la programmation de Présence autochtone grâce à la formidable série qui a été dédiée au festival par MAtv et qui a été un grand succès d’auditoire en 2019.
De l’autre bout du monde, nous vient une production farouchement féminine et féministe, tirant sa source dans l’univers culturel maori : une performance fièrement menée par Mama Mihirangi, une artiste engagée reconnue internationalement. Mihirangi offrira aussi aux Montréalaises un atelier de haka. Le chant de gorge, version inuite ou mongole, se mariera un soir à une chorale improvisée et le lendemain, à un ensemble musical comprenant oud, ehru, zither et kanun. Une vibration planétaire de paix, d’harmonie et d’amitié qui sous la direction experte de Katia Makdissi Warren et Lan Tung irradiera le monde depuis Montréal. (Merci à la Société de musique contemporaine du Québec pour ces créations conçues dans la foulée de l’hommage rendu cette année à Katia Makdissi-Warren, chef et compositrice). Murray Porter, fier Mohawk de la communauté de Six Nations, bluesman au long cours, nous fera entendre ses chants d’amour et de résistance de sa voix dont on dit qu’elle ressemble « à un grondement de velours ».
Donc, mercredi 7 août : atelier de haka (n.b. uniquement destiné aux femmes) et formation d’une chorale éphémère pour la pièce Grands espaces. Suivis de performances sur scène et de la prestation de Murray Porter.
Puis, jeudi 8 août : deux grands concerts consécutifs. Le premier, Katajjaq et Khoomii, chorus Nunavik/Mongolie, avec les harmonies gutturales de Lydia Etok, Nina Segalowitz et Tamir Hargana et les musiciens de Oktoécho (Montréal) et de Orchid Ensemble (Vancouver), une coproduction de la SMCQ. Le second, Mama Mihirangi et la Mareikura est traversé de toute la puissance de la tradition maorie, concentrée en un spectacle enlevant.
Cela nous mène au vendredi 9 août. Nikamotan MTL- nicto, le grand concert conçu par les bons génies de Musique nomade. De retour pour une troisième année, ce spectacle promet de marquer les esprits en explorant des univers musicaux éclatés, défiant tout concept établi. Électro, pop, soul, folk, blues et trad se mélangeront à des influences africaines, afro-colombiennes et sámi. Avec Lido Pimienta, Pierre Kwenders, Quantum Tangle, Lydia Képinski, Matt Comeau, Soleil Launière, Young Feather Singers, Vildá.
Le samedi 10 août, à l’arrivée du grand défilé de l’Amitié nuestroamericana, qui aura démarré de la Place Jacques-Cartier et qui aboutira sur la grande place après être passé par les rues Notre-Dame et Saint-Laurent, le grand spectacle chorégraphique où la diversité culturelle de Montréal rend hommage à la ville et aux Premières Nations. 1 500 danseurs costumés et des troupes représentant des traditions de 33 pays font du défilé et du spectacle présenté sur la scène Québecor de Présence autochtone, un grand événement de solidarité et de réconciliation. Samedi 10 août, à compter de 17 h 30.
Dimanche 11 août, 21 h 30 Leela Gilday entre en scène avec sa voix riche danse sur les rythmes rythmiques des tambours traditionnels dénés, aussi doucement que des lignes de basse sur les plus grandes scènes du pays.
Également, sur la scène Québecor :
Le DJ mi’kmaq XS7
Backwater Township est un ensemble de jazz installé à Montréal, dirigé par Corey Thomas, vendredi 9 août (en première partie de Nikamotan MTL-nicto).
Nelson Akawui Riquelme Catalan est un chanteur – auteur – compositeur – interprète québécois d’origine chilienne. Son héritage culturel autochtone-chilien inspire cet artiste dans son métissage musical, samedi 10 août, 21 h 30
Esther Pennel, son banjo à cinq cordes, sa voix unique, son héritage Mi’kmaq dimanche (première partie de Leela Gilday)
Aussi, à la Cinquième salle de la Place des Arts, le vendredi 9 août : Makusham! Avec Florent Vollant et l’OSM, présenté par la Virée classique, à 18 h 45.
Au Quai des brumes, lundi 12 août, Cabaret Mashtu : avec Wass, Karen Pinette Fontaine et Willie Nab, à 17 h
et Show de Esther Pennel, 21 h 30
Les cinéastes autochtones ont acquis une notoriété sur la scène internationale, une reconnaissance à laquelle le travail avant-gardiste de Présence autochtone n’est pas étranger : un dynamisme pour lequel la programmation 2019 sera à la fois le témoin et le ferment.
En première mondiale et en ouverture du festival, NIN E TEPUEIAN (Mon cri) de Santiago Bertolino, une production d’ici où la caméra de Santiago Bertolino suit une jeune poète innue sur une période d’un an. La parole s’affirme en s’élevant, l’inspiration se consolide, une étoile de plus trouve sa place dans la constellation de la littérature autochtone contemporaine. Une voix de première magnitude qui éclaire un chemin de renaissance et de guérison : Natasha Kanapé Fontaine.
Un autre portrait d’écrivain : N. Scott Momaday: Words from a Bear de Jeffrey Palmer est consacré à l’écrivain kiowa Navarro Scott Momaday, un des plus grands noms de la littérature contemporaine (Prix Pulitzer pour La maison de l’aube). Le long métrage situe son écriture dans la continuité du territoire ancestral, lieu de lumière et de tragédie, où l’expérience humaine prend naturellement une hauteur épique.
Un long métrage de fiction, Sami Blood, fait le portrait d’une femme âgée de la nation sami qui retourne au Nord et revoit en « flash-back » sa jeunesse : les troupeaux de rennes dans la taïga, l’école résidentielle où elle fut placée avec sa sœur, le désir de s’instruire et de progresser contrarié par le racisme ambiant et la lourde tradition familiale.
Le chant de la forêt, une fiction coproduite par le Brésil et le Portugal, raconte l’histoire du jeune Ihjac, habité par le don de communiquer avec les morts et qui redoute les pouvoirs chamaniques qui s’éveillent en lui.
De Russie, Kniga Morya de Aleksei Vakhrushev, nous transporte sur la mer Arctique à la chasse aux mammifères marins Les mythes et légendes Chukchi venus du fonds des temps, racontés par les aînés, habitent l’imaginaire d’une contrée hyperboréale et donnent sens et direction à la vie des intrépides chasseurs.
Lapü de César Alejandro Jaimes et Juan Pablo Polanco met en scène une croyance wayuu : entre rêve et documentaire, une femme exhume la dépouille d’une parente, pour que revienne l’harmonie et que s’efface la frontière entre les morts et les vivants.
One Thousand Ropes de Tusi Tamasese : Maea, un ancien lutteur samoan devenu sage-femme est hanté par l’esprit d’une femme décédée alors même qu’il doit prendre soin de sa propre fille et de l’enfant qu’elle attend.
Untɨ, les origines, de Christophe Yanuwana Pierre, débutant sur les rives de la Mer des Caraïbes, mène le réalisateur kali’na jusqu’aux hauteurs mythiques de Tumuc-Humac. Une traversée initiatique du territoire ancestral avec la présence rassurante des esprits anciens et les ombres du désastre écologique qui menace le Haut Maroni.
Thinking like a Mountain d’Alexander Hick tourné sur les pentes de la Sierra Nevada de Santa Marta, là où les Arhuacos maintiennent un mode de vie menacé par les conflits armés, l’exploitation minière, et les changements climatiques.
Huahua de Jose Espinosa : autofiction avec un couple de jeunes autochtones qui se questionnent et se querellent à propos de l’héritage identitaire qu’ils laisseront à l’enfant qui va naître.
Biidaaban (The Dawn Comes) d’Amanda Strong transforme la perception de l’espace et du temps comme seuls les rêves y arrivent parfois. Réalisé en stop-motion, ce film nous transporte dans l’univers parallèle d’une jeune anishinabe qui récolte de l’eau d’érable la nuit en ville.
Nos amis maoris, habitués de Présence autochtone, reviennent cette année avec des courts métrages sous-titrés en français spécialement pour la présentation des films à Montréal.
Nous annonçons aujourd’hui la création d’un autre prix en cinéma qui vient s’ajouter aux prix Teueikan, Rigoberta Menchu, APTN, revue Séquences, Mainfilm : le prix Meilleur court métrage canadien, assorti d’une bourse de mille dollars.
Les gagnants seront connus dimanche 11 août.
Les bispirituels chez les peuples autochtones du 5 au 21 août
En 2019, il faut souligner l’apport exceptionnel du Centre international d’art contemporain de Montréal qui organise, avec un pied dans Présence autochtone et l’autre dans Fierté Montréal, la première grande exposition solo à se tenir dans la ville de Montréal de l’artiste Blackfoot Adrian Stimson à la Galerie UQAM dans la cadre d’un événement sous le thème des bispirituels. En parallèle, une exposition des œuvres de Ma-Nee Chacaby, auteure de Un parcours bispirituel. Récit d’une aînée ojibwé-crie lesbienne. Avec des conférences, des rencontres, une performance. www.ciac.ca
Nehirowisidigital de Meky Ottawa à la Guilde du 25 juillet au 29 septembre
En 2019 de nouveau, le partenariat entre Présence autochtone et la Guilde propose une grande exposition durant l’été : Nehirowwisidigital de Meky Ottawa, une Atikamekw de Manawan. Artiste multidisciplinaire autodidacte basée à Tio'tia:ke (Montréal), elle utilise la vidéo, l’illustration et l’installation comme médiums.
Essence et apparat à l’Espace culturel Ashukan, du 6 août au 30 septembre
Une incursion dans l’art vestimentaire des Premières Nations. Une démystification et transformation de la coiffe traditionnelle de plumes des nations de l’ouest. Une présentation autant historique, traditionnelle que contemporaine. Avec Sylvain Rivard, Catherine Boivin, Tahatie Montour Angel Horn et William Burnstick.
Les grands musées montréalais présentent :
Rebecca Belmore au Musée d’art contemporain. Porter son identité, Ce n’est pas pour rien qu’on s’est rencontré, collection permanente. Haïda au Musée McCord jusqu’au 27 octobre.
Le retour du tipi géant sur la Place des festivals avec des démonstrations de savoir-faire traditionnels, tambour et danse, espace naskapi et des projections dans la Maison longue MAtv, du 7 au 11 août.
Le colloque Regards autochtones sur les Amériques, avec l’année des langues autochtones à l’honneur et la projection de la version mohawk de Kanehsatake, 270 ans de résistance à l’INIS et à Kahnawake, les 12 et 13 août.
Les classes de maître APTN à l’Espace Ashukan avec Jason Brennan, Julie Obomsawin et Jason Ryle, les 7 et 8 août.
Dehors est un poème, un parcours poétique qui partira du Square Cabot, le 12 août à 14 h. Avec Nahka Bertrand, Charles Buckell, Maya Cousineau Mollen, Dayna Danger et Sylvain Rivard.